Il y a bien longtemps, dans une petite maison rouge, vivait un couple qui voulait abandonner ses enfants.
« Deux enfants, deux erreurs », dit le père.
« Deux enfants, deux erreurs », dit la mère.
« Le premier ne pense qu’à manger et le Petit Poucet est si petit et si faible qu’il arrive à peine à soulever son cartable. Demain, nous allons les perdre dans la forêt.
-Oui, dans la forêt. » Le Petit Poucet, assis derrière son cartable, n’a pas été vu par ses parents et a tout entendu. Au repas du soir, il ne dit rien et ne mange presque pas. Il pense à la discussion de ses parents. Son frère Alphonse le regarde avec de grands yeux ronds.
« Tu ne finis pas ton assiette ? Je peux manger tes restes ? J’aime bien les restes.
– Vas-y Alphonse, je n’ai pas très faim. » Alphonse n’attend pas et il dévore son plat.
Pendant la nuit, le Petit Poucet a une idée. Il sort de son lit, se faufile hors de la maison et court jusqu’au parc. Dans le parc, il ramasse beaucoup de petits cailloux blancs, les enveloppe dans un mouchoir et les met dans sa poche. Le lendemain, en fin d’après-midi, le couple emmène ses enfants dans la forêt. Ils marchent et marchent encore jusqu’à ce que les arbres soient tous très larges et très épais. On ne peut plus voir le village.
« Vous pouvez jouer, les enfants. Je dois parler à votre maman. » Le Petit Poucet se cache derrière un arbre et Alphonse cherche des baies dans les bosquets.
« Des groseilles ! Miam. Des fraises ! Miam. Des framboises ! Miam ! » Quand les enfants ne regardent pas, le couple s’éloigne discrètement et rentre à la maison. Quand Alphonse a fini de manger les framboises, il lève la tête et voit que ses parents ne sont plus là. Il commence à pleurer.
« Petit Poucet, on nous a abandonnés, nous sommes perdus. » Le Petit Poucet sort de sa cachette avec un beau bâton qu’il a trouvé.
– Ne t’inquiète pas, j’ai laissé tomber des petits cailloux blancs sur le chemin. Il suffit de les suivre pour rentrer à la maison. »
À la maison, le couple fait la fête. Ils ouvrent une bouteille de soda et parlent de l’avenir. Pourquoi ne pas faire un autre enfant, un réussi cette fois ?
« Toc… Toc… » Quelqu’un frappe à la porte. La mère va ouvrir et, aussitôt, les enfants entrent dans la maison.
« Les enfants ! », dit le couple avec un sourire forcé. « Nous étions si inquiets. » Alphonse est très heureux, mais le Petit Poucet se méfie un peu et, au dîner, il cache un morceau de pain dans sa poche. Le lendemain soir, lorsqu’il commence à faire noir, le couple emmène ses enfants dans la forêt. Ils marchent et marchent, et marchent encore, si loin qu’on ne peut plus voir de chemins. Une fois encore, le couple s’enfuit quand les enfants ne regardent pas.
« Petit Poucet, Petit Poucet, ils nous ont encore abandonnés ! », dit Alphonse, les larmes roulant sur ses grosses joues.
« Ne t’inquiète pas. J’ai fait tomber des miettes de pain sur le chemin.
-Des miettes de pain ? Ce ne sont pas des restes ? » Catastrophe ! Alphonse a mangé toutes les miettes de pain que le Petit Poucet avait fait tomber. Maintenant, ils sont vraiment perdus dans la forêt.
Le Petit Poucet décide de monter dans un grand arbre pour essayer de retrouver le village. Il en choisit un avec de grosses branches qui supportent son petit poids. Pendant qu’il grimpe, il tombe presque deux fois, et il se fait presque manger par un oiseau qui a perdu ses lunettes.
« Pardon, j’ai cru voir un scarabée. Je ne mange pas les petits garçons. » Quand il arrive au sommet de l’arbre, il voit une lumière. Il redescend vite et les deux frères se dirigent vers la lumière.
Ils arrivent enfin à la maison d’où vient la lumière. Ils frappent à la porte, et une femme leur ouvre. Elle leur demande ce qu’ils veulent. Le Petit Poucet lui dit qu’ils sont de pauvres enfants qui se sont perdus dans la forêt et qui demandent à coucher par charité. La femme se met à pleurer et leur dit :
« Hélas ! Mes pauvres enfants, où êtes-vous venus ? Ici, c’est la maison d’un Ogre qui mange les petits enfants !
— Hélas ! Madame, lui répond Poucet, qui tremble de toutes ses forces, nous n’avons pas le choix. Si nous restons dehors, nous allons mourir de froid. »
La femme de l’Ogre, croyant qu’elle peut les cacher à son mari jusqu’au lendemain matin, les laisse entrer et les mène se chauffer auprès d’un bon feu. Il y a un mouton tout entier à la broche et quatre poulets, non trois (Alphonse en a pris un), pour le souper de l’Ogre.
Ils entendent frapper trois ou quatre grands coups à la porte : c’est l’Ogre qui revient de l’école avec ses deux petites filles. Elles sont à peine plus grandes qu’Alphonse, avec un nez pointu, des oreilles pointues et des dents très pointues. L’Ogre est très fier de ses enfants.
« Aujourd’hui, en cours de sport, elles ont mordu un petit garçon au nez et aux oreilles. Il a beaucoup pleuré. Elles vont devenir de fantastiques petites ogresses ! » Il se met à table avec sa famille et envoie ses filles se coucher. Quelque chose le tracasse.
« Je sens de la chair fraîche ! » Le Petit Poucet et son frère sont cachés sous le canapé.
« C’est sans doute la vache que j’ai préparée pour demain », dit sa femme en tremblant. L’Ogre va s’asseoir sur le canapé. Les deux enfants sont coincés contre le sol, l’Ogre a de très grosses fesses et il se caresse la moustache en reniflant.
« Je sens de la chair fraîche ! » Tout d’un coup, il bondit et soulève le canapé. Il attrape les deux frères.
« Je vais les manger tout de suite.
-Attends, dit sa femme, tu viens de dîner. Attends demain ou tu vas encore être ballonné.
-Tu as raison. Donne-leur des petits bonnets pour qu’ils n’aient pas froid, je ne veux pas manger d’enfants malades, et va les coucher dans la chambre d’amis. » Alphonse est tellement content d’avoir mangé un bon poulet qu’il s’endort tout de suite, mais le Petit Poucet est inquiet, il sait bien que l’Ogre viendra les manger. Profitant de sa petite taille, il prend son bonnet et celui de son frère et va sur la pointe des pieds dans la chambre des filles de l’Ogre. Il leur met le bonnet sur la tête pendant qu’elles dorment. Une fois de retour, il détache la cuisse de poulet qu’Alphonse serre très fort dans sa main. Il prend les petits os du poulet et les attache à ses oreilles et à celles de son frère. Maintenant, ils ont des oreilles pointues.
Le lendemain matin, l’Ogre se lève avant le soleil. Il a faim. « Comment peut-on dormir avec cette délicieuse odeur de chair fraîche ? » Il est mal réveillé, et se faufile dans la cuisine sans allumer la lumière pour ne pas réveiller sa femme. Il prend son meilleur couteau à petits enfants et sa fourchette préférée avant de se diriger vers la chambre d’amis. Il entre et se glisse dans le noir derrière le lit, il tâte du bout des doigts la tête du Petit Poucet et d’Alphonse.
« Des oreilles pointues ! J’ai dû me tromper de chambre. J’ai vraiment mal dormi. » et il se dirige vers la chambre de ses filles. Une fois de plus, il passe la main sur leur tête et il sent les petits bonnets. « Haha ! » Il lève son couteau et sa fourchette préférée !
Les ogresses ne sont pas des petites filles normales, c’est très difficile de les manger. Instinctivement, elles sentent le danger et se jettent sur leur père. Elles lui mordent les oreilles et le nez.
« Au secours, crie l’Ogre, je me fais mâchouiller ! » Sa femme se réveille et monte dans la chambre. Elle donne des grands coups de balai pour les séparer. Quand elle y arrive, le soleil est bien haut dans le ciel, et Alphonse et le Petit Poucet se sont enfuis très loin.
« Ce sont les enfants, ils m’ont trompé », grogne l’Ogre avec les oreilles mâchouillées. Il jette un regard fier de papa ogre à ses filles. « Je vais mettre mes bottes de sept lieues. Grâce à ces bottes magiques, je peux encore les rattraper. » Aussitôt dit, aussitôt fait, il s’élance dans la forêt.
Malheureusement pour lui, l’Ogre n’a pas le sens de l’orientation. Il saute d’un arbre à l’autre, d’un rocher à l’autre à grande vitesse grâce à ses bottes, mais il se perd dans la forêt. Finalement, il est fatigué et comme il n’a pas bien dormi à cause de la bonne odeur de chair fraîche, il décide de faire une sieste. Par le plus grand des hasards, le Petit Poucet et son frère se sont perdus à peu près au même endroit. Alphonse cherche de quoi déjeuner quand il aperçoit l’Ogre endormi.
« Petit Poucet, regarde, c’est l’Ogre. Et il a des bottes de sept lieues ! » Le Petit Poucet a une idée, une très bonne idée même. Il s’approche sans faire de bruit de l’Ogre et lui vole ses bottes. Il les met en se pinçant le nez, parce que le gros Ogre sent mauvais des pieds, et par magie, les bottes rapetissent et s’adaptent à sa taille.
« Cache-toi dans le bosquet à myrtilles, Alphonse, je reviens tout de suite. »
Il va droit à la maison de l’Ogre, où il trouve sa femme et ses filles qui mâchouillent le balai.
« Votre mari, lui dit le Petit Poucet, est en grand danger. Car il a été pris par une troupe de voleurs, qui ont juré de le tuer s’il ne leur donne tout son or et tout son argent. » La femme lui donne aussitôt un gros sac d’or, car cet Ogre est malgré tout un fort bon mari, même s’il mange les petits enfants. Le Petit Poucet va chercher son frère et, grâce aux bottes de sept lieues, il trouve le chemin vers une petite ville de l’autre côté de la forêt. Avec l’or, il s’achète une petite maison où ils peuvent vivre heureux, et Alphonse a autant de restes qu’il veut.