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Le chat botté

Un vieux boulanger a trois enfants. Après sa mort, il leur laisse en héritage sa boulangerie, la recette secrète de la célèbre baguette et son chat qui a de belles petites pattes. Les deux premiers enfants font le partage pendant que le plus petit mange des croissants. L’aîné obtient la boulangerie, le second reçoit la recette secrète de la célèbre baguette, et le plus jeune n’a que le chat aux belles petites pattes.

« Oh non, seulement le chat aux belles petites pattes ! » Il est très triste. « Mes frères pourront gagner de l’argent en travaillant ensemble, mais moi, lorsque j’aurai mangé mon chat, je vais mourir de faim. »

Le Chat a entendu le jeune fils, et il n’aime pas beaucoup l’idée d’être mangé. Il sort de sa cachette et dit : « Ne vous inquiétez pas, mon maître. Si vous me donnez un sac et une paire de bottes, parce que je ne veux pas salir mes belles petites pattes, je vais nous trouver à manger. »

Le maître du chat n’est pas convaincu, mais il n’aime pas beaucoup la soupe de chat. « Très bien, je vais te faire confiance. Tiens ! Prends mon sac et ces bottes. »


Lorsque le Chat a eu ce qu’il a demandé, il met ses bottes, attache son sac à son cou et s’en va dans les bois où il y a un grand nombre de lapins. Il marche 30 minutes en souriant. Avec ses nouvelles bottes, ses belles petites pattes restent toutes propres !

Une fois arrivé, il met des herbes et des carottes dans son sac, puis s’allonge et fait semblant d’être mort. Il attend qu’un jeune lapin, qui a de mauvaises notes à l’école, vienne se fourrer dans son sac pour manger les carottes.

Après quelques minutes seulement, un jeune lapin entre dans son sac. Le Chat ferme le sac et capture le lapin qui regrette de ne pas avoir écouté le professeur pendant les cours sur « les pièges du chat » à l’école des lapins. Fier de lui, il le rapporte à son maître.

« Voilà le lapin que j’ai attrapé. On peut le manger avec le reste des carottes, mais si tu me fais confiance, je peux te rendre très riche.

– D’accord, dit le maître du chat, qui n’a pas très faim parce qu’il a mangé beaucoup de croissants le matin. »


Le Chat va chez le roi et demande à lui parler. Le garde regarde le chat. Il pense : « On ne voit pas souvent un chat qui porte des bottes, c’est sans doute un chat important. » Il le fait monter à l’appartement de Sa Majesté. Étant entré, le chat fait une grande révérence au roi et dit :

« Voilà, Sire, un lapin de garenne que Monsieur le Marquis de Carabas – c’est le nom qu’il a donné à son maître – m’a chargé de vous présenter de sa part. »

« Dis à ton maître, répond le roi, que je le remercie et qu’il me fait plaisir. »

Les jours suivants, il continue d’apporter des lapins au roi qui est très content. Il continue jusqu’au dimanche, le jour de la promenade du roi près de la rivière. Le médecin du roi lui a dit d’aller marcher car il a grossi après avoir mangé beaucoup de lapins.

Vite ! Le chat court dire à son maître :

« Maître, maître, le roi arrive, c’est le moment de se baigner dans la rivière. »

Le marquis de Carabas fait ce que son chat lui conseille, sans savoir à quoi cela va servir. Pendant qu’il se baigne, le roi passe, et le Chat se met à crier de toutes ses forces :

« Au secours ! Au secours ! Voilà monsieur le marquis de Carabas qui se noie ! »

À ce cri, le roi met la tête à la portière (le roi se promène dans sa voiture, il ne faut pas le dire à son médecin) et, reconnaissant le Chat qui lui a apporté les lapins, il ordonne à ses gardes d’aller vite au secours de monsieur le marquis de Carabas.

Pendant qu’on retire le pauvre marquis de la rivière, le Chat s’approche de la voiture et dit au roi :

« C’est terrible ! Quand mon maître a pris son bain, un voleur est venu et a emporté ses habits. — Oh, c’est terrible en effet ! Le marquis est tout nu, le marquis est tout nu ! » crie le roi aux gardes qui vont vite lui acheter de beaux habits très chers.


Une fois le marquis bien habillé, le roi lui propose de monter dans la voiture pour continuer la promenade. Comme le marquis et le roi aiment bien manger, ils deviennent vite amis.

Le Chat est content de voir son plan fonctionner. Il part devant jusqu’aux champs de blé. Il voit les agriculteurs dans le champ et leur dit :

« Quand le roi va passer, dites qu’il appartient à monsieur le marquis de Carabas, ou je vais vous griffer le nez avec mes belles pattes. » Et il leur montre ses griffes.

Quelques minutes après, le roi arrive et demande : « Quel beau champ de blé ! À qui appartient-il ? »

« Il appartient au Marquis de Carabas. » Les paysans ont peur de se faire griffer le nez.

« Avec ce bon blé, on peut faire de la farine, et avec la farine, on peut faire de bons gâteaux », dit le marquis.

« J’aime les bons gâteaux », répond le roi.

Le chat continue jusqu’à une ferme pleine de belles poules qui font de gros œufs.

« Fermiers, dites au roi que ces poules appartiennent au marquis de Carabas, ou je vous griffe le nez avec mes belles pattes ! » Quand le roi arrive, ils lui disent que les poules appartiennent au marquis de Carabas. Eux non plus ne veulent pas se faire griffer le nez !

« Avec ces œufs, on peut faire de bonnes omelettes », dit le marquis.

« J’aime les bonnes omelettes », dit le roi.


Le Chat arrive devant un beau château, dont le maître est un ogre très riche. D’ailleurs, le champ de blé et la ferme font partie des dépendances de ce château. Le Chat, qui a pris soin de s’informer sur qui est cet ogre et ce qu’il sait faire, demande à lui parler. Le garde le laisse passer. « On ne voit pas souvent un chat avec des bottes, ce doit être un chat important », pense-t-il. Et de toute façon, il n’aime pas beaucoup l’ogre.

L’ogre le reçoit aussi civilement que peut le faire un ogre et lui propose l’hospitalité.

« Monsieur l’ogre, on m’a assuré, dit le Chat, que vous avez le don de vous changer en toutes sortes d’animaux. Que vous pouvez, par exemple, vous transformer en lion, en éléphant. »

« Cela est vrai, répond l’ogre brusquement, et, pour vous le prouver, vous allez me voir devenir lion. »

Le Chat est si effrayé de voir un lion devant lui, qu’il essaie de grimper aux rideaux. Mais ce n’est pas facile de grimper aux rideaux avec des bottes, il tombe sur sa queue.

L’ogre rit et se retransforme en ogre.

« Vous êtes incroyable ! dit le Chat. Mais on m’a dit que vous avez aussi le pouvoir de prendre la forme des plus petits animaux, par exemple de vous changer en un rat, ou en une souris. Mais je pense que c’est impossible, vous êtes trop grand. »

« Impossible ?! reprend l’ogre qui veut impressionner le chat. Vous allez voir ! »

Dans un nuage de fumée, il se change en souris. Aussitôt, le Chat se jette dessus et la mange.

« Voilà un ogre qui n’a pas écouté à l’école des ogres. »


Quand le roi arrive devant le château, il voit le Chat qui attend sur le parking avec le garde qui ne dit rien, parce qu’il ne veut pas se faire griffer le nez. « Votre Majesté, soyez la bienvenue dans le château de monsieur le marquis de Carabas ! »

« Comment, monsieur le marquis ? dit le roi. Ce château est encore à vous ? »

« Bien sûr, vous voulez visiter ? »

Le marquis et le roi, qui monte le premier, entrent dans une grande salle, où ils trouvent une grande table. Sur la table, il y a des omelettes, des bons gâteaux et bien sûr des lapins. Le roi est tellement heureux de pouvoir manger pendant sa promenade (son médecin n’est pas là) qu’il dit à son ami le marquis :

« Mon ami, est-ce que tu veux épouser ma fille ? Elle adore manger. Comme ça, on se verra tous les dimanches pendant ma promenade, mais il ne faut rien dire à mon médecin. »

Le marquis accepte l’honneur que lui fait le roi, et, le même jour, il épouse la princesse. Maintenant qu’il est prince, il peut garder le château. Le fermier, les agriculteurs et les gardes lui obéissent. Le Chat devient grand seigneur, et avec l’argent du château, il fait des manicures tous les jours. Ses pattes sont les plus jolies du royaume.