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Barbe bleue

Il y a un homme qui a de belles maisons en ville et à la campagne, de la vaisselle en or, une grande piscine, et des voitures de luxe. Malheureusement, cet homme a la barbe bleue : cela le rend si laid et si terrible que tout le monde a peur de lui.

Il veut se marier mais aucune femme ne veut épouser un homme qui a la barbe bleue. Ce qui les dégoûte encore davantage, c’est qu’il a déjà épousé plusieurs femmes, et qu’on ne sait pas ce qu’elles sont devenues.

Barbe-Bleue décide d’organiser une grande fête en invitant toutes les femmes du village. Il leur montre ses maisons, sa grande piscine et ses voitures de luxe. Finalement, il trouve une femme qui accepte de l’épouser.

Au bout d’un mois, Barbe-Bleue dit à sa femme qu’il est obligé de faire un voyage d’affaires, de six semaines au moins. Il lui dit de bien s’amuser pendant son absence, de faire venir ses amies et de profiter de la piscine.

« Voilà, dit-il, les clés de la maison. Voilà celles de mes coffres-forts où se trouvent mon or et mon argent, celles des chambres, et celles des voitures de luxe.

— Et cette petite clé, qu’est-ce que c’est ?

— C’est la clé de la petite pièce sous l’escalier. Tu peux aller partout sauf dans cette pièce. Je t’interdis de l’ouvrir ! Sinon, gare à toi ! »


Les voisines et les bonnes amies n’attendent pas qu’on les invite pour aller chez la jeune mariée, tellement elles ont hâte de voir toutes les richesses de sa maison. Elles n’osent pas y venir pendant que le mari est là, à cause de sa barbe bleue, qui leur fait peur. Mais maintenant qu’il est parti… elles sautent dans la piscine et prennent des photos dans les voitures de luxe. Elles sont jalouses de leur amie qui vit dans le luxe. Mais la jeune mariée pense à autre chose : qu’est-ce qu’il peut y avoir dans la petite pièce sous l’escalier ?

Sa curiosité est trop forte. Elle s’éloigne pendant que ses amies ne regardent pas.

Arrivée à la porte, elle s’arrête quelque temps, pensant à l’interdiction de son mari et au malheur qui pourrait arriver. Mais la tentation est trop forte, elle prend donc la petite clef et ouvre en tremblant la porte de la petite pièce.

Horreur ! Le plancher est couvert de sang caillé, et dans ce sang se reflètent les corps de plusieurs femmes mortes attachées le long des murs. Ce sont toutes les femmes que Barbe-Bleue a épousées et elles n’ont plus de tête. Elle pense mourir de peur, et la clé qu’elle vient de retirer de la serrure lui tombe de la main.

Après avoir un peu retrouvé ses esprits, elle ramasse la clé, referme la porte et monte dans sa chambre pour se remettre un peu.

Elle remarque que la clé est tachée de sang, et elle l’essuie deux ou trois fois. Le sang ne part pas : elle a beau la laver, et même la frotter avec du sable, il y a toujours du sang, car la clé est magique et il n’y a pas moyen de la nettoyer complètement.


Le lendemain, Barbe-Bleue revient de son voyage en avance. Il lui demande les clés.

“Hum, pourquoi la petite clef n’est-elle pas avec les autres ?

— Oh, j’ai dû l’oublier dans la chambre.

— Est-ce que tu peux aller la chercher ?

— Oui.

— Alors ?

— Je ne la trouve pas, peut-être dans mon sac.

— Alors ?

— Je ne la trouve pas, peut-être dans la piscine. »

Après avoir trouvé plusieurs excuses, la jeune mariée n’a plus le choix. Elle doit donner la clé. « Pourquoi y a-t-il du sang sur cette clef ?

— Je n’en sais rien.

— Tu ne sais pas ? Je le sais bien, moi. Tu es entrée dans la petite pièce sous l’escalier ! Eh bien, tu vas rejoindre mes ex-femmes ! »

Elle se jette aux pieds de son mari en pleurant, et lui demande pardon. Mais Barbe-Bleue a le cœur plus dur qu’un rocher.

« Il faut mourir, ma chérie, lui dit-il, et tout de suite.

— Puisqu’il faut mourir, répondit-elle, en le regardant les yeux baignés de larmes, donnez-moi un peu de temps pour prier Dieu.

— Je vous donne une demi-heure, mais pas un moment de plus. »

Lorsqu’elle est seule, elle appelle sa sœur et lui dit : Ma sœur Anne, est-ce que tu as des nouvelles de mes frères ? Ils m’ont promis de venir me voir aujourd’hui. Dis-leur de se dépêcher. Ils ne répondent pas.

Pendant ce temps, Barbe-Bleue aiguise son grand couteau à viande. Il appelle sa femme :

— Descends vite, ma chérie !

— Encore un moment, s’il te plaît. Aussitôt, elle appelle sa sœur :

— Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?

— Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie.

— Et mes frères ?

— Ils ne répondent pas.

Barbe-Bleue s’impatiente.

— Chérie ?!

— J’arrive, j’arrive.

— Anne ! Dis-leur que c’est urgent !

Mais Barbe-Bleue ne veut plus attendre. Il monte dans la chambre. La pauvre femme se jette à ses pieds.

— Cela ne sert à rien, dit Barbe-Bleue. Il faut mourir ! Puis, la prenant d’une main par les cheveux, et de l’autre levant le couteau en l’air, il va lui couper la tête. Et, levant son bras…

policier et barbe bleue

Toc toc toc! À ce moment, quelqu’un frappe si fort à la porte que Barbe-Bleue s’arrête tout net. On ouvre, et aussitôt, on voit entrer deux personnes qui courent droit vers Barbe-Bleue. Il reconnaît les frères de sa femme, l’un policier et l’autre membre du GIGN, de sorte qu’il s’enfuit aussitôt pour se sauver. Mais les deux frères le poursuivent de si près qu’ils l’attrapent avant qu’il puisse gagner le perron. Ils lui passent les menottes et l’emmènent en prison.

Après ça, la jeune mariée demande le divorce. Elle gagne son procès et garde tous les biens de Barbe-Bleue. Elle donne les voitures de luxe à ses frères pour les remercier et vit heureuse dans une grande maison jusqu’à la fin de ses jours.

voiture de luxe